Batshuayi: "Le foot n’est plus un jeu, c’est un métier"
Michy Batshuayi s’exprime pour la première fois depuis son départ du Standard. Comment le jeune homme se fait-il à sa nouvelle vie ? Réponses.
- Publié le 02-09-2014 à 17h30
- Mis à jour le 03-09-2014 à 09h31
Michy Batshuayi s’exprime pour la première fois depuis son départ du Standard. La démarche est restée la même. Mais une chose a changé. D’habitude fermé, le visage de Michy Batshuayi est cette fois plus ouvert.
L’attaquant a le sourire et se sent bien au milieu des Diablotins qu’il a retrouvés ce mardi. Surtout, il est heureux d’avoir retrouvé la Belgique qu’il avait quittée il y a près de deux mois.
"Je suis parti de manière un peu imprévue à Marseille" , explique celui qui ne s’était pas encore exprimé depuis son départ du Standard. "Le contrat s’est fait discrètement, je ne savais pas que j’allais partir aussi vite."
Michy, il n’y a pas que votre départ qui s’est conclu très vite, vos débuts aussi ont été rapides…
"Pour moi, c’est un rêve. C’est quand même magnifique de passer du Standard à l’Olympique de Marseille. Je suis plus dans le football maintenant, c’est plus professionnel, disons. Tu sens directement quand tu arrives que tout est grand, c’est plus sérieux. Il y a plus d’engouement aussi. Au Standard, les supporters sont chauds, mais là, c’est fois dix, comme pour tout : le stade, la ville, tout est plus grand…"
Vous avez brillé en préparation en inscrivant quatre buts. Est-ce que vous vous y attendiez ?
"Non. Pas du tout. Cela m’a choqué moi-même, cela s’est très bien passé comme vous le dites, mais je suis un peu déçu, j’aurais préféré marquer en championnat car cela s’était bien passé en préparation et pas contre des petites équipes mais contre des formations costaudes. Tant mieux pour moi. J’espère que je vais continuer comme ça et évoluer. Après, en championnat, c’est un petit peu dur. Mais en partant à Marseille, je m’y attendais aussi. C’est un plus grand club, ce n’est pas n’importe quelle concurrence. André-Pierre Gignac, c’est un attaquant de classe mondiale. C’est plus un apprentissage qu’une concurrence en fait. J’apprends tous les jours avec lui, il me donne des conseils, il a presque dix saisons de pro derrière lui, c’est extraordinaire tout ce qu’il a fait, et j’apprends beaucoup à ses côtés."
Dans quels registres ?
"Dans la finition, dans les déplacements sur le terrain aussi. Mais tous les joueurs sont très forts, on est presque de la même génération, ils savent presque tous tout faire et c’est là que je sens que j’ai franchi un palier. C’est excitant de savoir que je vais évoluer avec eux, c’est encourageant. Tout se met en place avec des joueurs talentueux. Après deux entraînements, ils connaissaient mes qualités, ils font tout pour me mettre dans des bonnes conditions."
Comment s’est déroulée votre arrivée dans le vestiaire ?
"Tu arrives dans un vestiaire avec des joueurs connus qui ont déjà un palmarès, c’est du lourd. Tu te fais ton nom petit à petit, tu arrives sans pression et j’aime ça. C’est mieux que d’arriver dans un club en étant une star."
L’une des stars de l’OM, Steve Mandanda, a dit beaucoup de bien de vous…
(Rires) "Vous me l’apprenez, je ne le savais pas. Je ne suis pas quelqu’un qui lit la presse. C’est quelqu’un d’expérimenté qui est très respecté, c’est un patron. C’est à côté de ces gens-là que tu apprends plus."
Vous parlez de patron, à Marseille, il y a Marcelo Bielsa qui fait le buzz…
"Il est très discipliné. Tous ses entraînements sont surveillés, il y a des caméras partout, tout est filmé. Il suffit que tu marches et il va te le dire devant tout le groupe. Les veilles de match, il y a quatre vidéos, tu n’as presque pas de sieste. Tout doit être parfait."
Cette exigence n’est-elle pas trop dure ?
"Disons que c’est surtout pour moi que c’est exigeant, en venant du Standard, car je ne m’attendais pas à ça. Pour moi, c’était juste jouer au foot. Mais c’est là que tu te dis que tu rentres dans un autre monde, plus professionnel. Si tu arrives à passer ce cap-là, tu deviens l’un des meilleurs joueurs du monde. Le foot n’est plus un jeu, c’est un métier. Au Standard, c’était plus un jeu, car c’était normal, je suis monté petit à petit dans les autres équipes. Là, tu sens que tout le monde est professionnel et a des ambitions."
Et quelles sont les vôtres ?
"Être titulaire et marquer."
"Le Brésil? C’était plus vous les médias !"
Michy Batshuayi aurait pu accompagner Thorgan Hazard, Yannick Ferreira-Carrasco et Jordan Lukaku chez les A mais il passe la semaine à Tubize. Sans s’en offusquer. Bien au contraire…
Michy, trois Espoirs sont montés en A, mais pas vous, vous n’êtes pas trop déçu ?
"Déçu, non. Tous les joueurs qui sont ici dans le vestiaire aimeraient un jour intégrer le noyau A, c’est logique. Après, tu te dis que tu es jeune, que tu as le temps. Je suis plus concentré sur les Espoirs. C’est toujours un honneur d’être appelé pour son pays, cela fait du bien. Avec le coach Walem, on n’a pas une bête équipe mais une équipe assez costaude et on va terminer ses qualiflications en espérant être à l’Euro. Je n’ai pas eu de contact avec Wilmots, mon coach, c’est Walem. On a 20 ans, tout le monde aimerait jouer en A mais tu ne peux pas arriver comme ça, il faut travailler, il faut prouver et espérer un jour être appelé."
Avec les blessures, vous auriez pu être appelé au Brésil. On a beaucoup parlé de vous. C’est digéré ?
"C’est plus vous les médias qui avaient chauffé le truc (rires). J’ai digéré cela facilement. J’ai regardé la Coupe du monde, j’ai encouragé la Belgique, c’est normal, je suis belge."
Comment le supporter que vous étiez a-t-il pris l’élimination face à l’Argentine ?
"On aurait pu les battre. Ils m’ont impressionné. On est quand même costaud, c’est bien. Tu sens que la Belgique monte en puissance. En France, ils parlent de nous en bien et ils ont peur de nous." (rires)
Divock Origi vous a étonné ?
"Oui, car je ne le connaissais pas du tout. J’avais entendu des échos, comme quoi il était très fort. Il est venu un match avec nous et il est parti en A, j’ai vu ces matches et il a de bonnes qualités. Chapeau à lui et j’espère qu’il va continuer sur sa lancée."